Galaxie 100 by Collectif

Auteur:Collectif [Collectif]
La langue: fra
Format: epub, mobi
Tags: Nouvelles, SF
Éditeur: Opta
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00

Kworn frémit d'excitation. Quelque chose d'extérieur à l'objet forçait celui-ci à parler. Kworn en était certain. Aussi certain que l'objet l'enregistrait ainsi que sa progéniture. Mais qui – ou quoi – recevait l'enregistrement et pourquoi ?

Ce pouvait être un sujet de méditation fascinant, songea Kworn, mais il aurait le temps de s'y adonner plus tard. La nécessité immédiate pour lui était de sortir. Déjà la nourriture diminuait, et son rejeton devenait énorme. Il fallait qu'il s'en aille s'il voulait vraiment partir. Et il fallait qu'il surveille sa propre croissance. Elle atteignait déjà de dangereuses proportions. Il était au stade périlleux d'une nouvelle reproduction et il ne pouvait pas se la permettre.

À regret, il se mit à déplacer les cellules cornées de son manteau et de sa couche inférieure vers ses surfaces internes, les disposant en une couche protectrice autour de ses cellules de plasma germinatif et d'absorption. Il y aurait une surface d'absorption suffisante pour assurer sa subsistance et son corps garderait son haut niveau d'énergie cellulaire. Cependant le désir de se nourrir et de bourgeonner était presque irrésistible. Son corps se révoltait qu'il lui refuse le droit que lui donnait la nourriture, mais Kworn résista aux exigences de sa chair jusqu'à ce que s'apaisent les impulsions frénétiques de ses cellules.

Près de lui, son rejeton palpitait de sensations physiques. Kworn l'envia tout en le plaignant. Cette pauvre chose dépourvue d'intelligence pouvait être utilisée comme moyen de s'évader, mais ne servait à rien d'autre. Elle était beaucoup trop grande et beaucoup trop stupide pour survivre dans le monde extérieur. Kworn émit un filet de pseudopodes fins comme des cheveux et en balaya le réservoir où ils se trouvaient : il n'offrait rien d'intéressant, sauf un trou où le filament ne s'était pas complètement retiré quand il l'avait attiré dans cette cuve. Certaines parties de la paroi avaient une texture différente des autres, probablement les organes sensoriels de l'enregistreur. Il ondoya de satisfaction. En haut de la cuve, il y avait une grille de métal toxique, à travers laquelle affluait un courant régulier d'air chaud. Ce serait agréable de l'examiner plus à fond, pensa Kworn, mais le temps manquait. La faute en était à son rejeton.

Il mit son œil sur un fin pseudopode qu'il projeta dans le trou de la paroi. Il faisait encore nuit dehors, mais une faible lueur brillant à l'horizon indiquait la venue de l'aube. L'objet scintillait comme de la glace au-dessous de lui, et il eut une sensation d'étourdissement en regardant la hauteur vertigineuse qui le séparait du disque. La tache sombre du corps calciné de Caada était presque invisible sur le vague contour luisant du disque encore chaud. Kworn frissonna. Caada n'avait pas mérité une telle mort. Kworn regarda vers le bas, évaluant ses chances avec sa nouvelle intelligence, puis il plaqua une épaisse fibrille de communication sur la chair palpitante de son rejeton et lança avec force une projection vers la masse qui se dérobait.

Étant donné que ses cellules sont des dérivés directs des miennes, pensa Kworn, farouche, quelle surprise que ce soit si difficile d'exercer mon autorité.

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